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La détresse chez les aînés

La détresse chez les  aînés.

 

 

La vie change et la dépression a bien souvent le champ libre
pour s’installer chez les baby-boomers.

Annie Mathieu
La Presse Canadienne
Publié dans Le Soleil, le 25 janvier 2011

Même si de moins en moins de Québécois s’enlèvent la vie à chaque année, les autorités se préoccupent néanmoins du nombre élevé d’aînés qui considèrent le suicide comme la solution pour mettre fin à leurs souffrances.

À l’approche de la 21e Semaine nationale de prévention du suicide, qui aura lieu du 30 janvier au 5 février, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, s’est dite inquiète, mardi, de la statistique révélant que 41 pour cent des personnes qui se sont enlevé la vie en 2009 étaient âgées de 50 ans et plus.

La ministre a répété que le suicide ne faisait pas partie d’un processus «normal» lié au vieillissement et qu’il fallait être à l’écoute des aînés pour prévenir de telles tragédies.

«Nous avons ce devoir-là d’être extrêmement vigilant, d’avoir les yeux ouverts pour être en mesure de détecter la détresse psychologique chez les personnes âgées», a soutenu Mme Blais.

Elle reconnaît qu’en vieillissant, une personne est souvent coupée de ses réseaux sociaux puisqu’elle a pris sa retraite, qu’elle a perdu un conjoint ou parce que ses enfants ont déménagé. Mais de simples gestes, comme s’enquérir de ses voisins ou d’un membre de la famille peut faire toute la différence, selon la ministre. Mme Blais invite également les personnes âgées à demeurer actives et à joindre des groupes communautaires pour briser leur isolement.

Mme Blais a aussi annoncé l’octroi d’une subvention de 745 000 $ sur trois ans à l’Association québécoise de prévention du suicide, pour mettre en place un projet visant à contrer le suicide chez les personnes âgées dans toutes les régions du Québec.

Par ailleurs, le directeur général de l’association, Bruno Marchand, s’est réjoui, mardi, de la diminution constatée du nombre de suicides à travers la province.

En 2009, 1069 personnes ont mis abruptement fin à leurs jours, ce qui représente une baisse d’environ trois pour cent par rapport à 2008, selon les chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec.

Une baisse du suicide est d’ailleurs constatée depuis dix ans au Québec – particulièrement chez les jeunes. Les efforts de prévention ont notamment contribué à ce bilan positif, selon M. Marchand.

«Les tranches d’âges plus jeunes sont beaucoup moins tolérantes face à cette solution permanente à des problèmes temporaires», a expliqué le directeur général.

Mais il croit également que la population voit de moins en moins le suicide comme une option acceptable. Cela dit, les aînés peuvent encore être influencés par des conceptions erronées sur le suicide et largement véhiculées dans les années 1970 à 2000, période où le sujet était tabou.

«On a longtemps pensé que c’était un choix rationnel, que c’était la liberté de chacun de décider s’il pouvait mettre fin à ses jours ou non», a expliqué M. Marchand. Le choix du slogan de la campagne 2011, «Le suicide n’est pas une option», n’est pas étranger à cette idée.

Mais il se dit confiant que ces mentalités sont appelées à changer, d’autant plus que l’engagement citoyen à l’égard de la prévention du suicide porte ses fruits. «Il y a une sensibilisation plus grande que jamais au Québec», observe-t-il.

La population est d’ailleurs appelée à adhérer au mouvement «Ajouter ma voix», un site Internet où les citoyens manifestent leur désir d’enrayer le problème du suicide.